Au lendemain de la signature du partenariat entre Contact-Entreprises et la Ligue de Martinique d’Athétisme pour organiser la célèbre Course du Souvenir du 16 décembre 2012, Sylvie BERTHERAT, membre active de notre association, nous rappelle dans cette tribune à quel point les valeurs du sport et de l’entreprise sont communes :
Valeurs… De quoi parle-t-on finalement ?
Les valeurs sont au cœur de nos motivations profondes. Elles nous guident quotidiennement dans nos choix et nos décisions. Elles sont à l’origine de la formation de nos opinions, croyances et comportements dans le travail, dans le sport, dans nos activités sociales et personnelles. Les valeurs constituent le socle de base d’une cohésion d’équipe. Elles sont à la source des règles du travail d’équipe que ce soit dans le cadre d’une activité sportive ou d’une une activité économique… Sans valeurs et sans règles partagées et affichées, il est difficile de produire des résultats et d’atteindre l’état d’excellence.
Dans l’entreprise, pour reprendre une phrase de PORRAS et COLLINS (« Les entreprises visionnaires »), les valeurs sont le ciment de la vision commune et sont inscrites dans les fondements d’une organisation, quelque soit le domaine d’activité.
Elles ne doivent pas être confondues avec les pratiques opérationnelles car ce sont elles qui permettront d’arbitrer en cas de difficulté sur le terrain (de jeu…). Les valeurs, ne peuvent être remises en cause pour un gain financier ou un besoin à court terme. D’ailleurs, les entreprises qui ont fait l’objet d’une vraie réussite dans le temps (i.e. Walt Disney, Général Electric, 3M, Michelin, l’Oréal…), sont celles qui, au-delà de rechercher le seul profit, ont été guidées par une idéologie fondamentale fondée sur des valeurs qui va au-delà du simple fait de produire de l’argent…
Concrètement, quel parallèle faire entre les valeurs du sport et de l’entreprise ?
Le premier lien à faire entre les valeurs du sport et de l’entreprise s’illustre par l’esprit de compétition. Cet esprit de compétition est interdépendant de la conscience du but ultime à atteindre collectivement et de la motivation à relever le défi.
L’exigence d’excellence : L’esprit sportif est associé à la volonté de réussir, de se dépasser, avec un corollaire qui est d’accepter l’échec. La plupart des entreprises qui ont réussi dans le temps, ont eu elles-mêmes, à vivre des échecs et à les dépasser. Accepter l’adversité, savoir perdre une bataille pour gagner un combat, un match, une course, est le challenge de tout entrepreneur, comme celui du sportif. Ce sont bien les valeurs de courage, de sens de l’effort, de persévérance (se préparer, s’entraîner encore et encore) qui permettent de vaincre sur le terrain de l’entreprise comme sur celui du sport.
Le respect : On parlera, d’une part, en entreprise, du respect du règlement intérieur, des règles de vie, des règles de fonctionnement, des règles managériales, d’autre part, en sport, des règles du jeu, du règlement de course… Les règles unissent les membres vers un même objectif et sécurisent le groupe. Sans cette protection, l’équipe ne peut donner sa pleine puissance. C’est le rôle du manager comme de l’arbitre de les faire respecter sous peine de disqualification ou sanctions. Ces règles ne peuvent se vivre que dans la transparence et interpellent chacun dans sa loyauté vis-à-vis du collectif et de la hiérarchie et donc dans son rapport à autrui et à soi car il s’agit d’accepter la règle à priori quitte à la discuter après.
On évoquera ainsi le respect d’autrui, au travers du respect du rôle de chacun dans l’équipe : le manager ou coach, le patron, le juge, l’arbitre, le co-équipier, le collègue, le concurrent, l’adversaire avec qui il s’agit de jouer, avec et non contre… Il s’agira aussi de souligner le respect de soi : tenue correcte, port du maillot, de l’uniforme, de la tenue de sécurité…
La coopération : Valeur d’appui du cycle de vie de l’entreprise qui, de surcroit, s’illustre à merveille par la course de relais : la transmission de savoir – faire entre nouveaux arrivants et partants – jeunes et anciens – la passation du témoin entre équipes. L’entreprise, en proie à des changements permanents, vit constamment des ruptures et des transitions qui préparent à la formation de nouveaux liens. Si ces ruptures sont vécues dans le désordre, la non implication, l’individualisme, l’entreprise ira à l’échec au risque de mourir. La coopération est au cœur de l’esprit d’équipe car elle induit la capacité de chacun à contribuer au résultat collectif. Une équipe de rugby, de basket, de foot, qui ne s’appuierait que sur des stars ou encore une entreprise qui ne se préoccuperait que des meilleurs, ne développerait pas une performance sur du long terme.
Ces valeurs, en lien avec les ressorts psychologiques de la motivation, entrent directement en ligne de compte dans la performance d’une équipe : les ingrédients sont identiques entre le monde de l’entreprise et le monde du sport. Or, elles ne peuvent se vivre que par la pratique de la reconnaissance et de la stimulation : savoir féliciter, recadrer, arbitrer les conflits, encourager et enfin s’adresser à l’imaginaire des équipes, faire rêver pour tirer vers le haut, faire progresser et se dépasser.
En résumé, la conscience et la pratique des valeurs participent au développement de l’identité de la personne, de l’équipe, de l’entreprise car constitutives d’un socle social et organisationnel commun.
L’usage du sport est un excellent vecteur pour révéler ces valeurs dans l’entreprise. Et même si ces valeurs apparaissent naturellement communes, elles sont surtout visibles et palpables dans le domaine sportif, mais pas toujours explicites dans le monde de l’entreprise. C’est pourquoi un travail en profondeur est à réaliser avec le management et les équipes sur le partage et l’appropriation des valeurs.
Le deuxième lien à faire entre les valeurs du sport et de l’entreprise est la santé : Pour reprendre l’adage esprit sain dans corps sain, le sport au sens d’activité sportive intéresse particulièrement l’entreprise parce qu’il véhicule une valeur de santé et de bien-être tout simplement… L’entreprise a envie d’avoir des collaborateurs qui ont une vie équilibrée car ils donneront le meilleur d’eux-mêmes. La vie équilibrée permet d’éviter l’écueil de la souffrance au travail. Le rôle de l’entreprise peut être alors de faciliter l’accès pour les collaborateurs à une activité sportive, la flexibilité des horaires et le temps de transport ne permettant pas toujours de le faire. Des études en Europe ont même été réalisées récemment pour mettre en évidence la corrélation entre pratique sportive, réduction de l’absentéisme et meilleures conditions de durabilité dans l’emploi pour les seniors…
De l’usage du sport dans l’entreprise : Le sport outil de la Gestion des Ressources Humaines :
Aujourd’hui et depuis quelques années déjà, compte-tenu des valeurs véhiculées par le sport, les politiques de ressources humaines ont ainsi fait le choix d’utiliser le sport comme outil de management, communication ou d’amélioration de la santé, en articulant plusieurs approches :
- Les séminaires de management et motivation animées par des sportifs ou s’appuyant sur des simulations de pratique sportives.
- Les accompagnements à la mise à jour et au partage de ces valeurs par l’ensemble des managers et salariés.
- La facilitation des pratiques sportives dans et/ou à l’extérieur de l’entreprise, l’organisation des compétitions sportives.
- Le sponsoring d’équipes sportives en mobilisant les salariés à l’organisation de manifestations.
- La communication des valeurs de l’entreprise vis-à-vis des clients et des partenaires.
En conclusion, en période de crise, dans l’entreprise comme dans toute entité sociale, quand les recettes à court terme ne fonctionnent plus, il est nécessaire de revenir aux valeurs centrales de l’organisation pour s’orienter, se réorienter, à condition qu’elles soient sincères, explicites, partagées avec les équipes et portées par le management. Ces valeurs sont les branches de l’étoile polaire qui guident le chef d’entreprise et ses équipes pour surmonter les difficultés économiques.
Sylvie BERTHERAT, le 12 novembre 2012