Refonder l’économie martiniquaise : entre lucidité, dialogue et espérance

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La Martinique traverse une période d’incertitude économique sans précédent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 10 % des chefs d’entreprise redoutent une faillite en 2025. Les derniers mouvements sociaux, la vie chère persistante, la baisse de la commande publique et un contexte mondial instable pèsent lourdement sur le moral et la trésorerie des acteurs économiques locaux.

Et pourtant, malgré cette fragilité ambiante, un espoir demeure.
Dans l’émission POLITIKPEYI, Jean-Yves Bonnaire, président de Contact-Entreprises et secrétaire général de la FRBTP, livre une analyse à la fois lucide et porteuse d’espérance. Il y plaide pour une évolution de notre système économique plutôt qu’une révolution brutale, et surtout, pour un dialogue franc, exigeant, mais constructif entre la sphère économique et la sphère politique.

La vie chère : une réalité complexe, pas un bouc émissaire
La question de la vie chère revient avec force dans le débat public. Mais selon Jean-Yves Bonnaire, la stigmatisation des acteurs économiques est une erreur. Il rappelle que ces derniers travaillent, depuis longtemps, en concertation avec la CTM et les services de l’État pour trouver des solutions durables. L’inflation alimentaire est un phénomène mondial, amplifié par des déséquilibres structurels qui dépassent notre territoire. Pointer du doigt les entreprises martiniquaises, souvent elles-mêmes victimes de hausses en amont, revient à se tromper de cible.

Vers une économie résiliente et responsable
Face à l’ampleur des défis, l’appel est clair : construire une économie martiniquaise plus résiliente, plus adaptée à son marché, mais aussi plus compétitive. Cela suppose de véritables choix stratégiques : soutenir les entreprises locales dans leur croissance, favoriser une meilleure utilisation des fonds européens, et surtout, retrouver un dialogue apaisé avec les institutions publiques.

Bonnaire insiste : le moteur principal de cette transformation reste l’humain. La population martiniquaise,  ses entrepreneurs, sa jeunesse, ses salariés, constitue notre plus grande richesse. Dans un territoire confronté à une inquiétante érosion démographique, il est urgent de redonner confiance, de créer des perspectives concrètes pour les jeunes, et de valoriser celles et ceux qui osent entreprendre malgré les vents contraires.

Un engagement collectif pour un avenir commun
Ce plaidoyer n’est pas une complainte. C’est une invitation à bâtir ensemble. À dépasser les égos. À créer des passerelles plutôt que des murs. À faire émerger des solutions dans la coopération plutôt que dans l’opposition.

Alors que d’autres territoires ultramarins subissent des crises majeures (cyclones, instabilités institutionnelles ou économiques), la Martinique dispose encore de marges de manœuvre. Mais le temps presse. Il ne s’agit plus seulement d’alerter, il faut agir – ensemble, avec méthode et courage.

 

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