Monsieur le Préfet de région,
Par mon courrier en date du 17 mars 2015, contresigné par tous les salariés non-grévistes de notre entreprise, je me suis permis de vous rappeler les circonstances dans lesquelles l’accès de l’entreprise est bloqué depuis le 29 janvier 2015.
Je vous avais indiqué à cette occasion que la survie de l’entreprise est menacée, ainsi que tous les autres emplois, puisque la CSTM a décidé de ne pas permettre aux non-grévistes de travailler, malgré deux décisions rendues les 30 janvier et 20 février 2015, par lesquelles Monsieur le Président du Tribunal de Grande Instance de Fort de France a ordonné, sous astreinte, la levée du piquet de grève dans un premier temps, puis « l’expulsion » de la CSTM, des salariés grévistes et ancien salarié de l’entreprise, avec le concours de la force publique.
La juridiction saisie ayant rendu ses décisions de la manière la plus claire, et dit le droit, désormais la seule question qui se pose est la suivante : ces décisions seront-elles appliquées et l’entreprise libérée ?
Ou doit-on considérer que sur cette terre de Martinique, c’est la violence et les menaces qui s’imposent à tous, parce qu’il n’est pas possible de faire appliquer le droit et les décisions de justice ?
Nous avons, me semble-t-il, épuisé tous les moyens du dialogue social, en ayant accepté deux médiations, l’une sous l’autorité de la DIECCTE, la seconde devant être organisée à la demande de la CACEM, sous l’égide de l’association des médiateurs, pour voir, à chaque fois, la CSTM surenchérir dans ses revendications, sans mettre un terme au blocage que l’entreprise subit depuis le 29 janvier 2015 !
En l’absence de toute solution de sortie de crise, je suis contraint aujourd’hui de m’adresser, à travers votre personne, à la plus haute autorité de l’Etat dans le département, garante des libertés fondamentales et du fonctionnement des institutions de la République, afin que force reste à la loi et que l’ordre public ne soit pas bafoué de la sorte.
En effet, vous ne pouvez ignorer que la persistance d’une entrave illicite à la poursuite des activités de l’entreprise, met gravement en péril l’avenir de celle-ci, ainsi que le sort de ses cinq salariés « non-grévistes », sans même évoquer celui des trois salariés grévistes, à un moment où les chiffres du chômage en Martinique sont clairement à la hausse.
Je me permets donc de réitérer, pour la dernière fois, ma demande en vue d’une intervention urgente de la force publique, sans laquelle je serai définitivement convaincu que la CSTM aura atteint son objectif, en instrumentalisant des salariés grévistes pour l’accomplissement de desseins inavoués, dans le cadre d’un règlement de comptes politiques auquel l’entreprise et ses salariés sont totalement étrangers, mais dont ils seront les victimes collatérales !
Je tiens à rappeler qu’en dernier lieu, une demande similaire vous a été notifiée par le conseil de la société Caraïbes Développement, gestionnaire de la fourrière départementale, aux termes d’un courrier en date du 27 mars 2015.
Je reste dans l’attente de votre détermination au sujet de l’intervention de la force publique, pour mettre fin à cette situation qui perdure depuis deux mois.
En vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien prêter à la présente, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet de région, en l’assurance de ma considération distinguée.
Henri Hubert DUPON, Gérant