Hier encore perçue sous le prisme d’un héritage historique pesant, l’entreprise martiniquaise se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Lors d’une récente causerie politique organisée par Contact-Entreprises, la sénatrice Catherine Conconne, interrogée par Pascal Fardin, a posé un constat aussi lucide qu’impératif : le développement de la Martinique passe par une redéfinition de notre rapport à l’économie.
Une mémoire collective encore prégnante
L’histoire de notre territoire a longtemps imprimé une vision dichotomique de l’entreprise : perçue tantôt comme un instrument d’exploitation, tantôt comme une entité inaccessible, réservée à une élite économique. Pourtant, une nouvelle génération d’entrepreneurs martiniquais émerge, bien souvent issus de milieux où l’entrepreneuriat n’était pas une évidence. Une dynamique qui témoigne d’une mutation des mentalités.
Une responsabilité partagée : élus et acteurs économiques
Mais cette évolution ne saurait être unilatérale. Comme l’a rappelé la sénatrice, les élus doivent eux aussi opérer un changement de paradigme. Il ne suffit plus de légiférer à distance : il s’agit d’aller à la rencontre des entreprises, d’écouter, de comprendre leurs réalités et de mesurer l’impact des décisions politiques sur l’économie locale. Car derrière chaque loi votée, ce sont des emplois, des investissements et des trajectoires entrepreneuriales qui sont en jeu.
Dépasser les préjugés pour un développement harmonieux
Si les infrastructures ont longtemps constitué l’axe central des politiques publiques, il est temps d’amorcer le virage du développement économique structurant. Construire des routes, des bâtiments ou garantir l’accès aux services essentiels sont des avancées nécessaires, mais quelle valeur ajoutée créons-nous réellement ? Quel impact sur l’emploi, sur l’innovation, sur la pérennisation de nos entreprises ?
Il est urgent de bâtir une nouvelle synergie entre monde politique et monde économique. Trop longtemps, ces deux sphères ont évolué en parallèle, parfois dans une incompréhension mutuelle. L’avenir de la Martinique repose sur notre capacité à créer du dialogue, à ouvrir des ponts et à envisager l’entreprise comme une solution, et non comme une menace.