Première réunion territoriale d’information et de co-construction de la candidature de la Martinique pour l’obtention du titre de l’UNESCO « Réserve de Biosphère » à l’hôtel de ville du Diamant mardi 18 septembre à 18 h30.
– Pourquoi ce projet « Martinique, Réserve de Biosphère » ?
Il s’est imposé à la suite de la conférence organisée en juin 2016 par Contact-Entreprises sur l’état de santé des océans. La Martinique est une des plus belles îles des Caraïbes, un trésor terrestre et marin, culturel et humain. Mais les défis du territoire sont importants : développement économique et social, réduction de la pauvreté, environnement, changements climatiques et élévation du niveau de la mer, catastrophes naturelles. La Réserve de Biosphère est un outil qui s’attache à relever ces défis. Alors la question s’est posée : « Et si la Martinique devenait une Réserve de Biosphère ? ».
– Qu’est ce qu’une Réserve de Biosphère ?
Il s’agit d’un titre mondial accordé à un territoire souhaitant s’engager dans une triple démarche : conserver et valoriser la diversité biologique et culturelle, améliorer les conditions de vie des populations en assurant la promotion et la valorisation des savoir-faire, savoirs, produits et services dans le cadre d’un développement soutenable et encourager et valoriser la recherche scientifique et l’éducation environnementale. Valoriser est le maître mot de ce titre.
Les territoires reconnus suivent une procédure commune définie par l’UNESCO en 1995. Ils restent placés sous la juridiction souveraine des États où ils sont situés et partagent leurs expériences, problématiques et solutions au niveau national, régional et international au sein des Réseaux des Réserves de Biosphère.
Une Réserve de Biosphère a la particularité de ne pas imposer de réglementation. Elle n’a pas de pouvoir réglementaire. Elle n’est pas une catégorie d’aire protégée. L’information des forces vives (populations, acteurs socio-économiques, élus locaux, associations, scientifiques, Eglises) est primordiale, tout comme l’adhésion volontaire d’une grande diversité d’acteurs. Il s’agit de faire appel aux talents et à l’implication de tous pour définir les grands atouts du territoire et construire ensemble un projet fédérateur.
– Serait-ce la Martinique tout entière qui serait proposée ?
Ce sont les forces vives du territoire qui décideront en concertation. Ce projet pourrait concerner la Martinique tout entière et les 34 communes du territoire, si elles le veulent.
Combien il y a-t-il de Réserves de Biosphère dans le monde, dans les Caraïbes, sur le territoire français ? Ce concept existe-t-il depuis longtemps ?
Le programme Homme et Biosphère (MAB, Man and Biosphere) est l’un des plus anciens et des plus importants de l’UNESCO. Il a été créé en 1970 pour répondre aux aspirations des populations au développement économique et social, valoriser les atouts d’un territoire et concilier conservation et exploitation de ses ressources naturelles.
Ce programme rassemble aujourd’hui 669 Réserves de Biosphère dans 120 pays. Dans les Caraïbes, 13 Réserves de Biosphère dans 7 pays (Cuba, Haïti, République dominicaine, Etats-Unis, Colombie, St Kitts et Nevis, France). En France, 14 Réserves de Biosphère dont 2 ultra-marines (Guadeloupe depuis 1992 et Polynésie depuis 2006).
– Qu’est-ce que cela apporterait à la Martinique ?
Ce titre mondial donne une importance internationale à un territoire.
Il est un levier de développement économique et social octroyant une forte visibilité et une reconnaissance internationale de ses atouts. Outil puissant de communication, il est d’une grande importance pour les populations et le développement économique et social, en particulier tourisme et agriculture.
L’UNESCO apporte des réseaux de coopération : national, régional et international, une coopération Nord/Sud avec le réseau international insulaire des Réserves de Biosphère, des institutions internationales avec lesquelles travailler ainsi que des financements internationaux et un label mondialement reconnu.
– S’agit-il, comme pour le Patrimoine mondial, d’une démarche à laquelle la population doit montrer son adhésion ?
Absolument. Le Patrimoine mondial protège un site, fait intervenir l’Etat et ne travaille pas en réseau national, régional et international. La Réserve de Biosphère concerne le territoire dans son ensemble, ne fait pas appel à l’Etat, associe tous les acteurs à une démarche de développement durable et de valorisation naturelle et culturelle du territoire et coopère en réseaux.
Il existe une forte complémentarité entre les 2 titres. Souvent un site du patrimoine mondial est intégré dans une Réserve de Biosphère. C’est le cas de Cuba, Haïti, la République dominicaine, St Kitts et Nevis, par exemple.
– Pourquoi avoir créé une Association ?
De très nombreuses institutions et personnalités, dont le Président de la CTM, ont donné leur appui au projet Martinique Réserve de Biosphère permettant de créer l’association du même nom. L’Assemblée Générale Constitutive a eu lieu le mercredi 28 juin 2017.
L’Association a pour but de mettre en place la candidature de la Martinique à ce titre. Elle représente différents acteurs de la société civile, les fédère au sein d’une cause d’intérêt général pour le territoire et se veut apolitique. Son mandat prendra fin avec l’obtention de ce titre pour la Martinique.
Elle est composée de 18 membres fondateurs et d’un conseil d’administration de 13 membres :
-‐ Le CARBET DES SCIENCES représenté par Lionel REYNAL
-‐ Le CODERUM représenté par Charles LARCHER
-‐ CONTACT ENTREPRISES représenté par Lucie MANUEL
-‐ L’ASSOCIATION DES MAIRES représentée par Maurice BONTE
-‐ Coralie BALMY
-‐ Mireille JARDIN (Secrétaire générale)
-‐ Jean Paul JOUANELLE (Vice-président)
-‐ Emmanuel LISE
-‐ Monseigneur David MACAIRE
-‐ Nathalie de POMPIGNAN (Présidente)
-‐ Caroline de REYNAL (Trésorière)
-‐ Karine ROY-CAMILLE (Vice-Présidente)
-‐ Dr. Ruddy VALENTINO (Secrétaire général-adjoint)
L’équipe formant le bureau est entièrement bénévole. 100% des actions de l’association seront financés par des dons privés.
– Quelles seront les actions à mener ?
La priorité est d’informer les habitants de la Martinique de ce chantier. Ils seront invités à définir les atouts à valoriser pour le territoire lors de réunions d’information et de co-construction du projet, organisées par l’Association Martinique Réserve de Biosphère et les maires, en ce qui concerne les communes.
Quelques exemples à aborder :
– Richesses biologiques : quelles espèces emblématiques terrestres et/ou marines ? (tortues, …)
Quels écosystèmes emblématiques ? (récifs coralliens, écosystèmes forestiers, …).
– Richesses culturelles : pharmacopée locale ? Musique ? Architecture créole ? Tour des Yoles ?
Histoire de Saint Pierre et de la Montagne Pelée ?
– Développement durable territorial : produits traditionnels et artisanat ? Tourisme familial (chez
l’habitant) ? Ecotourisme ? Spiritourisme ? Agriculture responsable, agriculture biologique ? Autres
savoir-faire ?
– Recherche scientifique : changements climatiques ? Elévation du niveau de la mer ?
– Education environnementale : sensibilisation scolaire ? Grand public ?
Une quarantaine de réunions sera programmée avec les communes (maires et habitants), le monde associatif, religieux, socio-économique et scientifique. Des réunions de synthèse et finalisation du dossier sont également prévues.
Les actions (calendrier des réunions, avancement du projet, vidéos) seront visibles sur le site : https://martinique-biosphere.fr
– Quelle est la durée moyenne de constitution d’un dossier de candidature ?
4 ans, minimum 2 ans, maximum 10 ans.
– Qui pilotera Martinique Réserve de Biosphère, une fois le titre obtenu ?
La structure de gestion la plus appropriée. Elle pourra être assistée d’un conseil scientifique et d’un conseil économique, social et culturel. La nécessité est d’associer les communes et les différents partenaires.
– Quelques exemples de Réserves de Biosphère avec leurs principaux atouts ?
– Guadeloupe : Réserve de Biosphère depuis 1992, 450.000 habitants, 1.628 km2, concerne la quasi-totalité de l’île.
Atouts : richesses biologiques : écosystèmes forestiers, récifs coralliens. Richesses culturelles : réhabilitation et construction de barques traditionnelles de pêche. Développement durable territorial : réhabilitation de sites dégradés, éradication de décharges sauvages, tourisme et promotion de jardins créoles par les habitants. Recherche scientifique : changements climatiques. Education environnementale : productions audiovisuelles scolaires sur les écosystèmes de Guadeloupe, menaces et solutions. Street Art pour sensibilisation sur les changements climatiques.
– Ile de Jéju (Corée du Sud) : Réserve de Biosphère depuis 2002, 610.000 habitants, 1.800 km2, 4 millions de touristes / an.
Atouts : richesses biologiques : nombreux sites de trésors naturels. Richesses culturelles : valorisation des savoirs traditionnels. Développement durable territorial : 5 produits avec logo RB, écotourisme. Recherche scientifique : changements climatiques. Education environnementale : sensibilisation scolaire.
– Polynésie (Fakarava) : Réserve de Biosphère depuis 2006, 7 atolls, 1.600 habitants.
Atouts : richesses biologiques : récifs coralliens. Richesses culturelles : valorisation des savoirs traditionnels. Développement durable territorial : pêche limitée aux besoins locaux tourisme familial (via les pensions de famille et hébergements chez l’habitant : nombre de visiteurs multiplié par 5 en 10 ans). Recherche scientifique : changements climatiques. Education environnementale : sensibilisation grand public et visiteurs.
– Quels médias ont relayé les informations relatives au projet Martinique Réserve de Biosphère depuis juin 2017 ?
ATV, Radio Caraïbes International (RCI), Martinique Première, Radio Saint Louis, France-Antilles, Créola, MadinMag, … et de nombreux sites associatifs.