Profondément inquiète pour l’avenir de sa filière, l’Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique publie le communiqué suivant :
Alors que le premier salon de l’agriculture de la Martinique ouvre aujourd’hui ses portes, les producteurs de bananes des Antilles font face au plus grand défi de leur histoire : lutter contre la cercosporiose noire, une maladie qui a décimé l’ensemble de la production de bananes de la Caraïbe.
Qui plus est, les pouvoirs publics leur demandent de le faire avec très peu de molécules actives autorisées et sans utiliser les traitements aériens.
A priori, c’est mission impossible, mais nos producteurs ont l’habitude de relever des défis qui paraissaient impossibles. Ils se battent donc avec une grande énergie contre cette menace.
Y arriverons-nous ? L’avenir nous le dira, mais leur détermination à surmonter cette épreuve est totale. Nous nous mettons donc en ordre de bataille pour gagner cette guerre, en engageant des moyens très conséquents : investissements dans des machines terrestres, embauche de main-d’œuvre pour traiter les feuilles malades du bananier depuis le sol, espacement des bananiers et effeuillage intensif et permanent pour limiter la propagation de la maladie, redéfinition et multiplication des chemins de pénétration dans les plantations pour permettre aux engins de traitement de passer, poursuite de la recherche variétale, relocalisation de certaines plantations sur des terrains plus propices au traitement terrestre, etc. Tout ceci nécessite de lourds investissements.
Dans ce contexte, il n’existe que deux scenari :
- soit nous n’y arrivons pas et la production de banane déclinera rapidement. La question de l’intensité du soutien public à notre filière sera donc vite réglée ;
- soit nous nous mettons dans l’état d’esprit d’y arriver et alors le soutien public à notre filière devient encore plus nécessaire :
- dans la période actuelle qui est cruciale car c’est le moment de tous les efforts nécessaires à l’accompagnement des planteurs dans la mise en place de tous ces nouveaux moyens de lutter contre la maladie comme rappelé ci-dessus ;
- en régime de croisière, pour que la production et la commercialisation se fassent, comme aujourd’hui, dans des conditions de marché qui permettent à notre banane française de rester compétitive par rapport à celle des pays tiers.
Dans ce dernier scénario, tous les planteurs arriveront-ils à se maintenir ? Notre volume de production restera-t-il le même ? Nous n’en savons évidemment rien.
Ce que nous savons, en revanche, c’est que si notre production diminuait, il sera alors temps de se poser la question de la reconversion des producteurs et de l’avenir des 10.000 salariés concernés.
Le développement des activités de diversification aussi bien animales que végétales doit être aussi un sujet prioritaire d’autant que l’éventuelle reconversion de nombre de planteurs de bananes nécessite un dispositif d’accueil passant par une réorganisation et un renforcement rapide des organisations de producteurs de diversification concernées.
En attendant et au stade où nous en sommes, profiter de cette situation très complexe qui met notre filière au bord de la crise la plus grave de son histoire pour venir réduire le soutien public à la banane serait une faute majeure. Cela enverrait un signal de désengagement de l’Etat qui serait immédiatement interprété par les planteurs comme une anticipation de la disparition de leur filière. L’hémorragie serait terrible et contagieuse.
Après nous avoir privés, au fil des ans, de matières actives efficaces, puis de moyens de lutte adaptés, les pouvoirs publics nationaux et communautaires ne peuvent pas considérer que nous arriverons à maintenir les plus de 10.000 emplois de cette filière si maintenant ils réduisaient nos financements.