C'est ce jeudi 28 juin que l'IEDOM a rendu public son rapport annuel 2011 sur la situation économique de la Martinique. Synthèse :
La reprise de l’économie mondiale marque le pas en 2011. Ce ralentissement global s’explique notamment par la hausse du prix des matières premières, le renforcement des incertitudes liées à la dette publique des pays industrialisés et des ruptures d’approvisionnement liées à la catastrophe naturelle du Japon. Si la croissance est toujours soutenue dans les pays émergents, elle ralentit en raison des perspectives de croissance mondiale atones. La hausse des prix est contenue dans les pays développés et les tensions inflationnistes tendent à s’atténuer dans les économies émergentes. |
L’économie martiniquaise reste fragile depuis la crise sociale de 2009 qui a durablement impacté la confiance des agents économiques. Le rattrapage se poursuit en 2011, mais la progression est mesurée et ne permet pas de faire reculer le chômage. L’indicateur du climat des affaires est stable et l’activité mieux orientée en fin d’année.
La consommation des ménages, principal moteur de la croissance économique, se maintient globalement, malgré un ralentissement en fin d’année. Les importations de biens de consommation sont en repli (-2,5 %), alors que les immatriculations de véhicules neufs se situent au même niveau que l’année précédente (+0,3 %). En revanche, le chiffre d’affaires de la grande distribution reste orienté à la hausse (+3,7 % en 2011, contre +9,6 % en 2010). Les encours de crédits à la consommation des ménages résistent sur la période (-0,5 %). Ces éléments contrastés reflètent d’une part la dégradation du marché du travail, avec un nombre de demandeurs d’emploi en hausse de 3,6 % sur l’année, d’autre part un regain de prudence des ménages, dans un contexte économique incertain.
L’investissement suit des évolutions variables selon les agents économiques. Alors que l’investissement des ménages reste dynamique, comme l’atteste la progression de l’encours des crédits à l'habitat auprès des établissements de crédit locaux (+4,6 %), les entreprises restent prudentes et leur encours de crédits d’investissement progresse à un rythme moindre (+3,0 %). Selon l’enquête de conjoncture réalisée par l’IEDOM, les intentions d’investissement des entreprises redeviennent stables en fin d’année 2011, alors qu’elles étaient orientées à la baisse depuis trois ans. La progression des encours de crédits d’investissement concerne pour l’essentiel des besoins de renouvellement et le retour à l’équilibre est fragile compte tenu du manque de perspectives. L’investissement public donne quelques signes d’encouragement avec une augmentation des crédits engagés sur les fonds européens, notamment.
Le maintien de la demande intérieure entraîne une augmentation des importations (+6,6 % en valeur). Les exportations sont en revanche en net repli sur l’année (-17,5 %) impactées par la baisse des produits pétroliers (-30,5 %) et agricoles (-12,9 %). Concernant les produits pétroliers, les capacités de raffinage de la SARA diminuent en 2011 du fait d’arrêts techniques, entrainant une baisse des exportations au départ de la Martinique en direction des dépôts de la Guadeloupe et de la Guyane, au profit d’approvisionnements directs.
L’activité des entreprises de l’économie marchande se maintient en 2011. Toutefois, les entreprises font preuve de prudence, du fait de difficultés de trésorerie persistantes. Le chiffre d’affaires de la grande distribution progresse, mais le secteur est marqué en 2011 par les difficultés de certains intervenants entrainant la redistribution de parts de marché. L’évolution globale du secteur du commerce reste mesurée.
Le secteur des services aux entreprises, souvent sous-traitant des autres secteurs économiques, connaît une activité mieux orientée, mais reste sensible aux restrictions budgétaires que subissent certains donneurs d’ordre. La conjoncture s’améliore dans le secteur du tourisme. En effet, le nombre de passagers débarquant à l’aéroport progresse (+4,1 %), de même que le taux d’occupation des hôtels (57,3 % sur l’année en moyenne) et le nombre de touristes de séjour (+4,3 %). En revanche, le nombre de croisiéristes chute fortement en 2011 (-50,6 %).
Le secteur du bâtiment et des travaux publics progresse mais reste en deçà du niveau d’avant la crise. Il connaît une certaine amélioration, grâce à la reprise de programmes de logements sociaux, de travaux routiers et de certains grands chantiers. Pour autant, les mises en chantier ne suffisent pas à relancer durablement le secteur, qui est fortement dépendant de la commande publique. Les ventes de ciment stagnent en 2011 et restent en repli par rapport à 2008 (autour de 200 000 tonnes par an, alors qu’elles dépassaient 260 000 tonnes auparavant). Les attestations de conformité électrique accusent une baisse de 9,7 %, signe d’un ralentissement des livraisons de logements.
Le secteur primaire connaît une année difficile. Les expéditions de banane vers l’Union européenne diminuent sensiblement (-6,7 %). Ce secteur continue en effet de subir les conséquences d’une concurrence accrue de la part des producteurs de la zone dollar. Les professionnels de la filière canne-sucre-rhum jugent la campagne 2011 décevante en raison de mauvaises conditions climatiques et, bien que le tonnage de canne progresse, la production de sucre et de rhum diminue (respectivement -6,8 % et -1,5 %).
Dans ce contexte économique fragile, la conjoncture monétaire et financière est caractérisée par une progression modérée des encours bancaires, alors que les taux de créances douteuses sont orientés à la baisse.
L’encours brut des crédits accordés par les établissements locaux est en progression de 3,0 % sur un an, tiré notamment par les crédits aux ménages (+3,1 %). Ces derniers privilégient les crédits à l’habitat, les transactions du secteur immobilier étant favorisées par le niveau encore bas des taux d’intérêt, alors que les crédits à la consommation stagnent. Parallèlement, les encours des entreprises progressent modestement (+1,4 %), portés par les crédits d’investissement, alors que les crédits d’exploitation régressent. Le taux des créances douteuses diminue et se situe à 6,6 % à la fin de l’année 2011. La prudence des acteurs économiques est également confirmée par l’évolution de leurs placements. Ainsi, la croissance des actifs est modérée (+0,9 % globalement), tirée par l’épargne à long terme des ménages et par les produits d’assurance-vie en particulier.
La croissance du produit net bancaire des établissements de crédit ralentit (+0,9 % en 2011, après +6,6 % en 2010). Cette progression modérée est notamment l’effet de deux tendances contraires : l’augmentation des intérêts nets (+1,4 %) qui traduit l’évolution de la production de crédits et la baisse des commissions nettes (-0,3 %). Toutefois, en raison d’efforts renouvelés de rationalisation des coûts de structure, le coefficient d’exploitation reste quasiment inchangé (+0,2 point à 65,9 %). La gestion du risque entraine cependant une contraction de la rentabilité, l’augmentation des pertes sur créances irrécouvrables impactant défavorablement la marge nette (19,6 % du PNB en 2011 contre 21,2 % en 2010).