Le Préfet de Guadeloupe confirme l’autorisation de l’épandage aérien par arrêté du 13 juillet 2012, seul moyen de maintenir en vie une filière qui innove et emploie 10.000 personnes, et que la cercosporiose noire menace de rayer de la carte. Cette décision est assortie de conditions exigeantes qui engagent la profession dans ses efforts de bonne pratique. Efforts largement engagés par le Plan Banane Durable qui fait du fruit antillais « la banane la plus propre du monde ». La décision préfectorale est reçue avec satisfaction par les producteurs des deux îles qui publient le communiqué suivant :
Les producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique conscients de la nécessité d’accentuer les recherches sur la mise au point de solutions alternatives rappellent néanmoins l’impossibilité de mettre fin à court terme à la technique de l’épandage aérien.
Le Préfet de la région Guadeloupe vient de publier l’arrêté autorisant par dérogation les producteurs de Guadeloupe à faire appel à l’épandage aérien dans la lutte contre la Cercosporiose jaune et la Cercosporiose noire.
Cette décision préfectorale s’inscrit dans l’indispensable mobilisation des moyens les plus efficaces de la lutte contre ces maladies qui sont de nature à détruire totalement la production de bananes de la Guadeloupe.
Conformément aux textes en vigueur depuis Mai 2011, les producteurs de Guadeloupe avaient introduit une demande de dérogation pour une période d’un an, allant de juillet 2012 à juillet 2013.
Après consultation du gouvernement, le Préfet de Région a considéré que cette dérogation ne pouvait être attribuée que pour une durée de six mois sans préjuger aucunement de la possibilité d’autoriser au-delà de cette période l’épandage par voie aérienne.
Le gouvernement et l’autorité préfectorale, en agissant de la sorte, ont envoyé aux producteurs un message que ceux-ci interprètent parfaitement comme étant l’obligation de poursuivre activement le processus de mise en œuvre de solutions alternatives et en même temps comme la certitude que le gouvernement mettra, de son côté, tout en œuvre pour permettre de mobiliser encore plus de moyens pour ce faire.
Le gouvernement et l’autorité préfectorale ont en même temps pris la mesure de l’impossibilité pour les producteurs de maitriser les maladies des Cercosporioses sans faire, dans l’état actuel des choses, appel à l’épandage aérien.
Cette décision, au demeurant, s’inscrit très logiquement dans le cadre de l’obligation faite par les Préfets de Guadeloupe et de Martinique aux agriculteurs par arrêté préfectoral du 6 avril 2006 en Guadeloupe et du 10 septembre 2004 en Martinique de mettre en œuvre tous les moyens de lutte nécessaires à la maitrise des Cercosporioses.
Dans le cadre du Plan Banane Durable mis en place depuis 2008 par les producteurs avec l’appui du gouvernement et des exécutifs régionaux de Guadeloupe et de Martinique, de nombreux progrès ont déjà été accomplis en matière de maitrise de l’utilisation des pesticides et c’est ainsi que les volumes d’insecticides et de nématicides ont été quasiment réduits à néant et que l’utilisation des herbicides est, d’année en année, fortement diminuée (-25% en 2011).
Dans le cadre de ce Plan Banane Durable, les producteurs de Guadeloupe et de Martinique ont développé un programme de recherche unique au monde en matière de traitement par voie terrestre des maladies fongiques.
C’est à l’accentuation de ces efforts que la situation actuelle les invite.
Les producteurs savent pouvoir compter sur la totale mobilisation des instituts de recherche (Cirad et Irstea) avec lesquels ils ont bâti depuis 2008 des relations de partenariats très étroites et sur le soutien du gouvernement et des différents ministres directement concernés au premier rang desquels ceux de l’agriculture et des Outre mer.
Les producteurs, conscients de l’implication du Ministre des Outre mer pour le développement de l’agriculture de nos régions et pour le maintien des grandes activités traditionnelles que sont la banane et la canne à sucre ont bien compris le désir qui est le sien de les voir développer et maitriser, dans les meilleurs délais, de nouvelles méthodes alternatives pour ce qui touche à la lutte contre les maladies fongiques de la banane.
C’est dans cet esprit que les producteurs appellent le gouvernement, au premier rang desquels le Ministre des Outre mer, à un soutien renforcé dans la mobilisation de tous les moyens permettant l’accélération de la recherche et de la mise en place de solutions alternatives à l’épandage aérien.
Parallèlement, les producteurs entendent aussi mettre en avant le rôle social irremplaçable et pourtant trop souvent occulté de leur filière de production. Ce rôle est pour eux un sujet de fierté.
Personne ne doit ignorer, dans le contexte de crise économique aigüe que traversent depuis août 2008 nos régions d’outre mer, la France et plus globalement l’Europe, que la filière de production de bananes de Guadeloupe et de Martinique est l’une des très rares activités économiques à avoir créé des emplois au cours de ces trois dernières années.
A un moment où la France se désespère de la perte de nombre de ses emplois productifs et alors que chacun sait que rien ne remplacera le rôle social de la banane aux Antilles, les producteurs comptent sur le sens de la responsabilité du gouvernement pour ne pas oublier cette réalité.
L’opinion est aujourd’hui sous le choc de la perte de 8 000 emplois dans le groupe PSA et de la fermeture programmée de l’usine d’Aulnay.
8 000 emplois pour un pays de 60 millions d’habitants et la France le vit comme un drame social.
Comment qualifier alors, sinon de séisme social, la perte, dans deux régions d’outre mer de moins d’un million d’habitants, de 10 000 emplois directs qui disparaitraient irrémédiablement avec l’arrêt brutal de la lutte contre la cercosporiose noire.
Face à cette réalité économique et sociale, les producteurs appellent à un peu plus de modération dans le débat.
Protection de l’environnement, défense de l’emploi, maintien de l’activité rurale doivent aller de pair. La banane acteur essentiel de l’agriculture des Antilles est au centre de ces enjeux.
Le 14 Juillet 2012,
Eric de Lucy, Président de l’Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique.