Quand la réussite entrepreneuriale fait de l’entreprise martiniquaise une cible injuste des frustrations sociales.
La réussite entrepreneuriale se traduit de manière classique par la réalisation de profits financiers. La réalisation de profits financiers après impôts est la récompense de capitaux propres bien investis, de stratégies de développement pertinentes, d’une gestion efficace et la traduction de la confiance des clients qui, à travers l’acte d’achat volontaire, acceptent l’offre de biens ou de services proposée par l’entreprise.
Dans l’environnement insulaire complexe et difficile de la Martinique, la réussite entrepreneuriale ne se limite pas à la réalisation de profits financiers. Elle se mesure également au respect du pacte social avec les salariés, à l’engagement des acteurs économiques dans des œuvres d’intérêt général dont nous sommes tous les bénéficiaires quotidiens, à des politiques sociales et environnementales ambitieuses et progressistes, et à la longévité de l’entreprise.
L’entreprise performante crée des emplois, paye des taxes et des impôts qui contribuent notamment à financer l’action et les services publics. Elle permet à d’autres entreprises de se créer et d’exister en amont ou en aval de son champ d’activité : vente de productions locales, finance, entretien, comptabilité, sécurité… Elle rémunère aussi ses associés ou actionnaires. Les dividendes sont la conséquence du risque pris et viennent parfois après de nombreuses années difficiles, passées à peaufiner le modèle économique.
À la Martinique, toute réussite entrepreneuriale trop visible est malheureusement jugée a priori suspecte. Quand une entreprise affiche des profits, c’est que, forcément, elle doit contourner des lois, comme si les lois devaient être faites pour empêcher que l’entreprise génère des profits. Le chef d’entreprise est ce filou, tantôt truand-sympathique-farceur, ou profiteur-exploiteur. Que n’entendons-nous pas sur le chef d’entreprise ! Quand, en plus, le racisme ordinaire ou les rancœurs historiques s’en mêlent, on sombre quasiment dans le sordide et l’inacceptable.
Pour une Martinique qui se vide de ses forces vives, qui peine à faire revenir au pays ses jeunes diplômés et qui souffre en plus d’un secteur public déjà en sureffectif, s’attaquer aux entreprises martiniquaises qui réussissent revient à vouloir essayer de gagner un championnat de football en acceptant d’avoir dans son équipe des spécialistes du but contre leur camp, qui, match après match, figurent avec complaisance dans la composition d’équipe proposée par des entraîneurs dont on finit par se demander aussi pour qui ils roulent vraiment.
Ces attentats contre l’esprit d’entreprise, contre l’audace, contre la valeur travail, contre le talent entrepreneurial, constituent, année après année, les bases d’un incroyable suicide collectif. Comment, en effet, penser que, dans un tel contexte, l’esprit d’entreprendre puisse continuer à être au cœur des préoccupations des plus jeunes générations ? Comment penser que de brillants diplômés, qui ont parfois côtoyé l’élite internationale pendant leurs années d’études, aient envie de revenir exprimer leurs talents chez eux ?
Ainsi dépérit une Martinique qui n’aime pas ses entreprises et qui va même jusqu’à les combattre de manière systémique, symboles de leur réussite, en plus de devenir le jouet complaisant d’intérêts bien éloignés des siens.
Alors, tout entrepreneur ou toute entreprise qui fait l’objet d’attaques souvent incompréhensibles peut être sûr(e) que c’est bien souvent sa réussite qui finit par le pénaliser. C’est là une bien maigre consolation pour ceux sur qui il faudra pourtant bien compter pour faire de la Martinique un terreau fertile pour l’innovation et une terre de création de valeur.
À Contact-Entreprises, nous choisissons de célébrer au quotidien et avec fierté la réussite d’entreprises martiniquaises de tous les secteurs de l’économie et de toutes les tailles, des plus petites… aux plus importantes.
C’est aussi de cette manière que nous exprimons notre confiance en l’avenir du pays Martinique.
Soyons tous concernés et unis pour la construction de ce rêve martiniquais dans lequel l’entreprise aurait enfin toute sa place.
Les membres du Comité Directeur
Contact-Entreprises