Contribution au « Grand débat national » de « Martinique Économique »
C’est dans le cadre du Grand débat national que nos organisations professionnelles réunies sous la bannière « Martinique Économique » proposent aujourd’hui des propositions fortes pour l’avenir de notre île.
Conscients que l’heure est aux propositions nouvelles et aux idées disruptives, nous avons choisi de verser au débat des contributions audacieuses, qui, à notre sens, sont seules de nature à rompre le cycle dépressif dans lequel la Martinique s’enfonce depuis 20 ans.
Nul doute que la mise en œuvre de ces idées bouleversera les schémas administratifs et réglementaires, mais nous savons que le gouvernement est déterminé à rompre les conventions pour faire place au bon sens et ouvrir de vraies perspectives pour les territoires de France.
THEME N°2 – FISCALITÉ ET DÉPENSES PUBLIQUES
Détaxer le travail pour relancer l’activité en Martinique
Depuis 2008, la Martinique traverse la plus grave crise d’attractivité de son histoire. Sa démographie s’effondre, sa population vieillit, ses forces vives s’en vont.
L’économie martiniquaise se porte mal. Sa croissance est en berne. Son chômage est endémique et touche 20% de la population ; un jeune martiniquais sur deux est sans emploi. Les habitants souffrent du coût élevé de la vie ; ils ne cessent de s’appauvrir. Les entreprises s’étiolent, faute d’activités, faute de perspectives.
Les deux moteurs de l‘économie sont en panne : la commande publique est éteinte, la consommation des ménages est atone.
Contrairement aux idées reçues, l’investissement public par habitant est inférieur en Martinique de 25% par rapport à la moyenne nationale (Étude DME 2010).
Les acteurs économiques ne peuvent se résigner à une telle situation alors même que les atouts du territoire sont nombreux. Ils sont conscients que le développement de la Martinique repose en grande part sur le secteur privé et sont prêts à relever le défi.
Les acteurs économiques doiventêtre soutenus dans leur démarche par une mesure phare, véritable choc d’attractivité : L’EXONERATION TOTALE DES CHARGES PATRONALES ET DES CHARGES SALARIALES !
S’attaquer radicalement au coût du travail tout en boostant le pouvoir d’achat des salariés, est la réponse immédiate au triple défi du chômage, du coût de la vie et de l’attractivité.
Pour être pleinement efficace, cette mesure doit s’appliquer à l’ensemble des salariés de Martinique, aussi bien ceux relevant du secteur public que ceux relevant du secteur privé, sans distinction de revenus. Elle combinera naturellement les effets positifs d’une politique de l’offre et d’une politique de la demande.
Détaxer le travail pour dynamiser l’offre :
Le tissu économique local est constitué essentiellement de petites entreprises « de mains d’œuvre », dont les capacités d’embauche sont contraintes, aussi bien par les coûts salariaux que par l’atonie des marchés. C’est le cas notamment des entreprises des secteurs agricole et touristique.
La compétitivité de l’économie martiniquaise s’est en effet fortement dégradée au cours des quinze dernières années. Elle doit être restaurée au plus vite, en exonérant totalement les entreprises des charges patronales qu’elles versent sur les salaires.
En ramenant ainsi le coût du travail au simple niveau du salaire net, c’est une nouvelle marge de manœuvre qui est donnée aux entreprises pour leur permettre de développer leurs activités, investir, innover, baisser leurs prix et recruter des collaborateurs. C’est un frein à l’embauche qui est levé. Et c’est un accélérateur qui est offert à toutes celles et ceux qui veulent entreprendre.
Les collectivités publiques, dont les finances sont exsangues du fait notamment du poids de leur masse salariale, retrouveront également l’oxygène qui leur manque pour jouer pleinement leur rôle d’accompagnement du développement économique, social et écologique du territoire.
Détaxer le travail pour dynamiser la demande :
Le coût de la vie en Martinique est supérieur d’environ 35% à celui de la France hexagonale. Ce qui maintient notre société dans un état constant de tension sociale, voire de risque d’explosion sociétale. Aucune des réponses apportées depuis 10 ans à la question du pouvoir d’achat en Martinique ne s’est avérée efficace. La consommation des ménages s’en trouve naturellement impactée, et de nombreux marchés s’appauvrissent au point de disparaitre.
En ramenant les salaires nets au niveau du brut, c’est une nouvelle capacité de consommer qui est offerte aux salariés leur permettant ainsi de contribuer à relancer l’économique locale. Notons que cette nouvelle marge de manœuvre permettra aux citoyens d’adopter plus facilement les comportements vertueux de la transition écologique.
Cette mesure pourrait s’inscrire dans le cadre de la « Zone Franche Nouvelle Génération » en cours en Martinique.
Son coût est certes élevé – environ 1,5 Milliards d’euros/an – mais est justifié par l’écart de contribution publique par habitant entre la Martinique et la France Hexagonale.
Cependant, cette mesure aura des conséquences positives sur les comptes publics, en réduisant sensiblement les coûts sociaux liés au chômage, et en générant des revenus fiscaux plus importants.
Détaxer le travail est la grande mesure qui nous permettra de relever les défis du chômage, du pouvoir d’achat et de l’attractivité de la Martinique. Nous relèverons ces défisavec l’appui de nos institutions. Avec l’aide de l’État, avec l’aide de la Collectivité de Martinique, et aussi de l’ensemble des partenaires publics et privés qui partagent tous l’envie de faire gagner la Martinique.
Mettre une TVA à taux zéro pour les produits de première nécessité
Il s’agirait pour l’État lui-même de contribuer à l’action souhaitée par le Gouvernement visant à diminuer les prix des produits de première nécessité outre-mer en ramenant le taux de ces produits à O%.
Dynamiser l’artisanat par l’amélioration de la formation des artisans
Du fait de l’insularité de leur territoire, les chefs d’entreprises martiniquais ont de grosses difficultés pour accéder à la formation professionnelle, notamment pour les formations techniques (absence de centre de formation spécialisé en raison de la taille du marché, nécessité de se déplacer, d’être absent de l’entreprise plus longuement).
Les entreprises hexagonales n’ont pas cesdifficultés dues à l’éloignement et aux coûts de transport.
Les chefs d’entreprises artisanales de Martinique demandent que les fonds de financement de la formation soient majorés pour l’outremer afin de prendre en compte réellement des frais de formation et qu’ainsi chaque artisan puisse bénéficier d’un accompagnement financier une fois par an pour ses déplacements pour se former et rencontrer de futurs clients.